Critiques : La Ligne Orange

ÉVOLUER SANS PERDRE SON IDENTITÉ


Mes Aïeux - La Ligne orange


Philippe Rezzonico
Journal de Montréal
07-10-2008 | 04h00





Les racines, au plan musical, demeurent un bien drôle d’animal.
À cause d’elles, on est souvent étiquetés et assimilés à un genre.
Dans le cas de Mes Aïeux, le folklore, le conte, une forte présence
scénique liée à des personnages de légende et l’appellation «néo-trad»
ont catalogué le groupe dans une niche précise, quoique très
rassembleuse, à en juger par la popularité sans cesse croissante du
groupe depuis 12 ans.
Arrive donc La Ligne orange, telle une rame de métro
lancée à toute allure à la station Rosemont. Le titre du disque, le
graphisme sophistiqué du dessinateur Michel Rabagliati qui signe une
pochette et un livret exceptionnel annoncent déjà la couleur: urbaine.
Mais attention, urbaine dans les thèmes, les sites et les personnages,
bien plus qu’au plan musical.
Il y a un bon nombre de chansons sur La Ligne orange qui auraient pu se retrouver sur un précédent disque du collectif, à commencer par Belle, embarquez (magnifique), Loup blanc et La Grande Tornade, qui sont du Mes Aïeux pur laine.
Si En famille fut un disque fédérateur, la chanson Dégénération,
elle, a pris des proportions de porte-étendard auprès des fans.
Certains observateurs, en revanche, trouvaient que les valeurs de
retour à la terre célébrées dans cette chanson étaient franchement
passéistes.
ÉCOUTEZ DES EXTRAITS DE LA LIGNE ORANGE
La Dévire

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Le Déni de l'évidence

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EN PHASE AVEC L’ÉPOQUE


Sur cet aspect, Stéphane Archambault y va de préoccupations plus
contemporaines à travers quelques-uns des titres les plus significatifs
de l’album. Membre d’Equiterre, Mes Aïeux a une autre chanson
porte-étendard sur ce disque avec Le Déni de l’évidence. Texte, musique, propos, pulsion dansante: tout y est.
Pas loin derrière, La Dévire – un anagramme de dérive
–, sur le ton de l’évidence et du constat, va être un brûlot de
spectacle avec sa rythmique soutenue et ses énumérations de désir (une
coupe Stanley), de travers (morale malléable), de valse-hésitation
(girouette) et son fond d’individualisme. On pense autant de bien de Prière cathodique, véritable miroir d’Internet et de ses dépendances avec un punch final magistral.
Les fans des contes vont se régaler avec Le Stade (conte complet) – complètement hallucinogène – et Le Fantôme du Forum, quoique l’impact sur disque de ces pièces risque de s’amenuiser plus vite que sur scène, où elles vont briller. À l’inverse, Antonio et La Basse-Cour nous semblent avoir une pérennité plus problématique.
Si La ligne orange s’avère moins homogène, au plan
thématique, que certaines parutions du passé, il propose ce qu’il faut
d’évolution musicale de la part d’un groupe qui a su se renouveler sans
perdre son identité.
En magasin et en ligne, mardi.