Le Nouvelliste : 20 février 2009

Une soirée de bon goût signée Mes Aïeux

Linda Corbo Le Nouvelliste

(Trois-Rivières)
De prime abord, on les imagine davantage en train de mettre le feu à
une scène extérieure au beau milieu d'un festival d'été quelque part en
juillet. Ce serait les sous-estimer. Dans une salle, Mes Aïeux
permettent aussi de passer une fort belle soirée. Moins éclatée
peut-être, moins festive dans son ensemble, mais une soirée de bon goût
toute en théâtralité, en humour fin et en réjouissances.Hier
soir, les sept compères de Mes Aïeux ont fait une belle jambette à
l'hiver en embrasant les planches à leur manière. Étonnamment, avec 12
ans de carrière, ils se produisaient pour la toute première fois à la
salle J.-Antonio-Thompson de Trois-Rivières, exception faite d'une
seule présence, le temps d'une chanson pour un téléthon. Ils y ont
retrouvé hier quelque 700 spectateurs réceptifs et tout à fait disposés
à entrer dans leur vaste univers. Le public s'est fait
proposer une soirée en deux temps, avec première portion plus douce et
plus axée sur l'écoute des textes, et une deuxième partie davantage
consacrée à l'esprit festif qu'on leur connaît. Or dans les deux
genres, ils marquent le point.Dans un premier temps, on a introduit la soirée sur des rythmes plus
posés. C'était l'occasion notamment de se faire raconter La Corriveau
et le Grand Antonio. Un très bel hommage, soit dit en passant, que
cette chanson qui raconte la triste fin du géant.C'était aussi l'occasion pour Trois-Rivières de se faire chanter la
pomme un brin, une sérénade signée Stéphane Archambault et sa gang, qui
avaient fait leurs recherches pour souligner le 375e anniversaire de la
ville tout en relatant quelques-uns de ses traits, depuis sa découverte
jusqu'à Steve Bégin en passant par la fusion de 2002 et les miracles du
sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. La sérénade aux Trifluviens s'en est
suivie.Le chanteur a par ailleurs fait un clin d'oeil à l'actualité du jour en
soulignant la visite de Barack Obama à Ottawa, tout en y allant d'une
observation de circonstance. «Se pourrait-il que nos politiciens à nous
manquent d'envergure?» C'était pour introduire la pièce Qui nous mène?Dans un deuxième temps, ceux qui étaient venus passer la soirée à la
salle J.-Antonio-Thompson pour bouger et danser ont eu leur part de
réjouissances. C'était entre autres l'occasion de nous raconter
l'histoire d'Alexis le trotteur et de redécouvrir Dégénérations dans de
nouveaux arrangements, avec départ à la guitare électrique SVP.En deuxième partie, Mes Aïeux avaient aussi réservé une surprise aux
Trifluviens, en invitant l'un des leurs, le violoncelliste Claude
Lamothe lui-même, qui a participé à une pièce du dernier album de Mes
Aïeux, La dévire. Mais avant d'entamer cette pièce, le public a eu
droit à un solo de violoncelle assez impressionnant merci, salué par
une ovation. La fin de la soirée s'est d'ailleurs presque entièrement
déroulée en position debout, plusieurs optant même pour les allées afin
de mieux danser.Oubliez les costumes, c'est en complet-cravate, chic and swell, que les
six hommes de la formation sont apparus sur scène. Avec la violoniste,
élément féminin du groupe, ils occupent la scène avec une chimie qui ne
trompe pas et une coordination dans la gestuelle qui ravit l'oeil. Rien
n'est laissé au hasard sur le plan de la mise en scène. Une seule ombre
au tableau hier, dans quelques pièces, on perdait un peu la voix de
Stéphane Archambault dans les envolées musicales. Dommage.Par les années passées, Mes Aïeux s'étaient d'abord produits au défunt
restaurant Le Comic, puis au Maquisart, disparu lui aussi, ce qui a
fait dire à Stéphane Archambault que les Trifluviens devraient
surveiller leur joyau au cours des prochains jours. «Ce sont peut-être
les derniers moments de cette salle...» De très beaux moments toutefois.